Lucien
Louis Bernard LANTIER
Collection
musée de Verdun
(cliquer sur les images pour les agrandir)
Peintre de genre
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Il
voyage de Moscou à Petrograd (Saint Pétersbourg), partout il
organise des expositions. Une de ses toiles est très remarquée
par l’homme le plus riche de l’empire russe et membre de la famille
Impériale ; le prince Félix Youssoupof, celui là même
qui a assassiné Raspoutine, celui-ci l’introduit à la
cour du Tsar Nicolas II où il fit nombre de portraits. Le colonel Rachmaninov,
cousin du célèbre compositeur pose pour lui, sa carrière
s’annonce brillante.
.. La guerre éclate, Lucien Lantier est rappelé
le 6 août 1914, il quitte tout et rentre en France combattre dans les
rangs de nos poilus. Il est d'abord affecté au 61°
RI, 2° Cie, à Cosnes sur Loire. Cette unité est d'abord
dirigée vers Troyes, pour la régulation du trafic ferroviaire,
et fournir des garde voies. Lucien Lantier réintégre le dépôt
de Cosnes sur Loire le 28 novembre 1914. Il passe au 229° RI le 9 décembre
à la 21° Cie.
(Son baptême du feu n'a jamais eu lieu
à Étain comme le raconte la légende). En
février 2015 j'ai enfin pu me procurer son dossier militaire.
En
réalité la confusion avec Etain, dans la Meuse, vient du fait
que le 229° RI d'Autun, quittant sa ville par le train, celui-ci achemine
vers le front Est, les hommes vers .. Conflans-Varigney,
en Haute-Saône, et non... Conflans-Jarny, prés
d'Etain dans la Meuse.... et de là, le parcours vers le front d'Alsace
se fait via Francalmont et Ainvelle, Plombières, Sapois-Menaurupt,
Gérardmer, Plainfaing, Saales et Steige dans le Bas Rhin, et rejoint
son régiment dans le secteur La tête des Faux.
Il fera surtout campagne en Alsace et plus particulièrement
au Vieil Armand, en alsacien l’Hartmannswillerkopf.
Au fond des tranchées il continue à faire
des croquis des événements qu’il vit.
Au cours d’une permission il
participe à l’exposition des combattants à Paris, l’Etat
lui achète trois dessins pour le musée de la guerre; "La
manoche", "Les totos", "Le guetteur", puis plus tard
2 autres toiles lui seront encore achetées; "L"Hartmannwillerkopf,
le rocher du sommet", et " Nuit à l'Hartmannwillerkopf"
de 1915. Puis il est évacué sanitaire en décembre 1915
et finira par aller en convalescence prés de Lyon, à Bourgoin
Jallieu jusqu’en juillet 1916. Durant cette période il reprend
la peinture et exécute huit œuvres, huiles et aquarelles dont
deux représentent des scènes de guerre, souvenirs du Hartmannwillerkopf,
il peut réaliser ces travaux grâce au soutien financier de Emile
Chapotat, aquarelliste à ses heures, homme de talents multiples, créateur
d'une salle de spectacle, La Cigalle, membre du Conseil de Direction de la
Caisse d'Epargne, et illustre figure de la vie bergusienne.
Autoportrait
du sergent Lantier, au 229° RI en 1915 (
collection privée)
Il est promu sergent au 229° régiment d'infanterie,
le 12 janvier 1915. Il est alors engagé dans la région de Cernay.
Victime de problémes de santé,
et plus particulièrement digestifs, il est évacué
le 17 décembre 1915 sur l'hopital n° 24 à Lure (70), il
y séjourne du 30 décembre au 29 janvier 1916, c'est là
qu'il fait la connaissance de sa future épouse, Hèlène
Henry, originaire de la région et infirmiére. Il ne retournera
plus jamais sur le terrain, sur son livret militaire est noté clairement:
Combattant.. du 9/12/1914 au 27/12/1915..
Hartmannwillerkopf
1915
(musée
de Bourgoin-Jallieu 38)
Le 29 janvier, il est admis
à l'hopital temporaire de Lure, jusqu'au 3 mai 1916, le 4 mai il est
arrive en convalescence à l'hopital n° 200 bis, aux Eparres (38)
prés de Bourgoin Jallieu, et ce, jusqu'au 15 juillet 1916.
C'est là qu'il fera la connaissance d'Emile Chapotat, aussi
créateur et animateur du Foyer du Soldat et qu'il réalisera
quelques dessins et toiles qui sont toujours au musée de Bourgoin..
L'hopital de La Combe les Eparres était installé dans l'usine
de tissage Giroud et avait 140 lits.
Durant ce séjour, il s'est marié
avec Hèlène, son infirmière, le 23 juin 1916. Puis à
l'issue de sa convalescence et d'une permission, il rejoint à Paris,
la caserne des Tourelles le 27 septembre 1916 jusqu'au 13 octobre 1916.
Il ne participera plus à aucun combat.
Il rentre à l'hopital mixte d'Autun, toujours pour les mêmes
pathologies digestives le 14 octobre 1916 et en sort le 4 décembre.
Convalescence de 15 jours, puis retour au dépôt le 21 mars 1917.
La commission de réforme de la Seine statue sur son cas, réformé
temporaire le 26 juillet 1917, confirmé le 17 août, renouvelé
le 28 mars 1918... pour syndrome digestif.
Accessoirement durant cette période,
en 1917 il aurait été affecté au Grand Quartier Général
américain comme dessinateur, mais cela n'a été attesté
que par lui même, en réalité étant au 119 éme
RI, à l'annexe de Courbevoie, étant réformé temporaire
n°1 (..réformés des suites blessures ou maladie contractées
en service..), il est libre de ses mouvements et fasciné par l'armée
américaine, qui est partout, il croque des dessins du soldat US ou
de l'organisation de l'AEF.
Réunion état major américain 1918 sous commandement français.. (collection privée ML) |
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Sentinelle American Expeditionary Force ou AEF 1918 extr. l'art & les artistes 1918 |
Soldats américains montant au front, 1918 extr. l'art & les artistes 1918 |
En
1918 il retourne à Paris, 5 rue des Beaux Arts, et peint sa jeunesse
en Bessarabie, en Russie.
Tous
ses « souvenirs » sont réunis en une exposition à
Paris et sont très remarqués par la délégation
roumaine à la conférence de la paix, des photos sont envoyées
au roi de Roumanie en 1919. Lucien Lantier recevra la couronne de Chevalier
de Roumanie. En 1920 où il exposa au Salon des Artistes Français,
il reçut une médaille d’argent puis le Prix Lefèbvre
Glaize la même année. En 1921 il recevra une médaille
d’or au Salon des Artistes Français.
Il recevra la Croix de guerre 14-18. Il obtiendra
la Médaille Commémorative Interalliés "Médaille
de la Victoire" le 12 juillet 1930, ainsi que la Médaille Commémorative
de la Grande Guerre le 1° février 1926.
Pour autant ses moyens financiers restent modestes,
comme souvent le sont ceux des artistes passionnés, à tel point
qu’il écrit à son ami Chapotat de Bourgoin : « …Mais
tous ces rubans, médailles et autres honneurs…, par les temps
qui courent et pour les bourses plates ne valent pas quelques beaux billets
de mille !!! ».
En 1923 il se fixe définitivement à
Verdun, cette même année toujours au Salon, l’Etat lui
achète une autre toile; "Soldats dans un boyau, dans la neige,
portant des échelles". Toutes ces toiles acquises par l'Etat sont
conservées aux Invalides à Paris, 7 au total, dont je posséde
les photos et les descriptifs complets des MN.
Le 3 juillet 1926, le jugement de divorce est prononcé,
d'avec sa premiére épouse, Hèlène.
En 1927 il fait un séjour à Longwy,
le pays du fer et de l'acier. Le voici fixant ses impressions énormes,
écrasantes; dans une coulée de lumière rouge se dressent
les masses sombres et puissantes des hauts-fourneaux.Ils semblent sortirent
de la nuit,menaçants, tels d'effrayants fantômes. Lutte dramatique
de l'homme et de la matière, de la lumière et de l'ombre, nocturne
fantastique, comme ces deux toiles qui suivent en témoignent. Le puddler
malaxant le métal en fusion ou le chaufournier face à l'enfer
industriel.
En
1928, il loge à Longwy, à l'hotel du Commerce, c'est là
qu'il épousera sa seconde femme, Renée Lucienne Quentin, agée
de 27 ans, originaire de Verdun, comptable et trés bon peintre à
ses heures, d'ailleurs plus tard, elle travaillera avec son mari et elle signera
ses toiles R. Quentin-Lantier (comme celle ci-dessous), la plupart
des travaux dans les chapelles des villages détruits et autres églises
de la région verdunoise ont eu une trés large participation
de sa part.
Collection
privéée
L'année suivante Lucien s'établira à Verdun, prés
du Pont sur l'eau, rue des Bateliers.
Son installation à Verdun lui assure une situation
peut être moins brillante qu’à Paris mais plus sûre
financièrement ; en effet les commandes affluent et à côté
des créations personnelles, il décore des monuments historiques,
des églises: Champneuville, Vacherauville, les chapelles des villages
détruits: Beaumont en Verdunois, Bezonvaux, Cumiéres, Douaumont,
Fleury devant Douaumont, Haumont, Louvemont, , il réalisera des chemins
de croix pour de nombreuses églises: Bras sur Meuse, Fromeréville
les Vallons, Lacroix sur Meuse, Revigny sur Ornain, Samogneux,Vaux, Verneuil
Petit, Woël en Woëvre, il en réalisera plus tard 3 autres
lors de son installation dans les Cévénnes à partir de
1940, Salle de Gardon, Génolhac et la chapelle de la clinique Mistral
à Alés, ainsi que des bâtiments publics dans toute la
région lorraine, comme par exemple la Marianne de la salle du conseil
de la Mairie de Sommedieu en 1923.
Il crée les décors pour des Foires
Exposition, de Paris en 1937, de Roubaix en 1939 où il réalise
avec sa femme, Renée Quentin-Lantier, pour le pavillon de la Meuse,
commande du Conseil Général de la Meuse, une frise décorative
de 42 mètres de longueur sur 0,60 mètre de haut, constituée
de panneaux relatant des scènes de la vie meusienne, ainsi qu'une carte
du département de 2,50 mètres de haut, placée dans l'entrée
du pavillon, représentant des blasons et les activités industrielles
de la Meuse. Mes recherches m'ont permis de retrouver deux éléments
ces peintures, de 3 m de long chacune (l'une vendue septembre 2016, dans le
Var & la 2° en vente juillet 2017 dans le Vaucluse, qui avaient été
déposées et ramenées en Meuse à l'époque,
et qui avaient ensuite disparu, mais j'ai par contre des photos de l'époque,
de ce travail.
Le cahier de charges de la décoration de l'intérieur
du pavillon de la Meuse, fut défini lors d'une réunion à
l'Hotel de Ville de Verdun, le 20 juillet 1939. Lucien Lantier fut choisi
à cette occasion comme le peintre chargé de ce travail. Son
épouse, Renée Quentin-Lantier, peindra la grande carte de la
Meuse positionnée à l’entrée du pavillon de la
Meuse.
Un Comité restreint de meusiens, créé pour
la circonstance, représentant les principales branches d’activité
sociales du département de la Meuse, décida que serait représentés
: l’agriculture, les industries du sous-sol, les carriers, les marchands
de bois, madeleines de Commercy, confiture de groseilles de Bar le Duc, dragées
de Verdun etc…
2 des
nombreux éléments de la frise, disparue depuis 1939, réapparaissent
depuis 2016...
En juillet 1937, il termine un grand décor
dans l'Hôtel Continental angle rue Mazel et rue Edmond Robin, devenu
après la guerre une grande épicerie, Fontaine & Viennay,
puis la librairie Ducher qui a cessé son activité au printemps
2015, et tout le bâtiment a été vendu à des investisseurs,
sans doute plus soucieux de rentabilité économique que de la
richesse du patrimoine local, peut-être aussi ne sont-ils pas au courant.
Ce décor est peint en panneaux de 1,50
mètre de haut environ entre les piliers, fait tout le pourtour du "bar
américain", au premier étage, et représente une
rétrospective de la locomotion dans la Meuse. Il s'agit du tout début
de la mise en service de la ligne Verdun-Bar le Duc, le "Meusien"
appelé aussi le "Varinot" du nom du propriétaire de
la ligne à l'époque, Charles Varinot, mis en service en 1887
jusqu'en 1936. Tous les personnages sont en
costume de l'époque. Le train arrive de Lemmes ou à Souilly,
tous les voyageurs sont descendus, pour admirer le monstre au repos, le tortillard
comme on le nommait à l'époque, bref "la Suzanne".
On saucissonne, il y a la bonne paysanne meusienne encore craintive mais qu'on
devine sous sa "hâlette", il y a l'ouvrier, le fonctionnaire,
le charcutier qui discutent sur le ballast. Il y a des gens curieux et aventureux,
pressés de savoir, la tête entre les roues pour essayer de surprendre
les secrets de la bouilloire. On voit une capiteuse et élégante
verdunoise bien loin des problèmes de la vapeur.. mais plus tôt
interressée par un beau cuirassier tout blanc...etc.. Malheureusement
ce magnifique décor, oublié de nos jours et recouvert de peinture
ou d'un doublage depuis les années 50, va sans doute être livré
au démolisseur des nouveaux occupants.
Classé,
tout ce travail peut encore se visiter aujourd'hui, à l’église
de Samogneux, Vacherauville, Bras, Champneuville, Haumont (le Soleil), l’hôtel
Vauban à Verdun par exemple et bien d’autres lieux encore.
Pour ce qui concerne plus précisément
le travail que Lucien Lantier a effectué pour l’église
de Samogneux, cette commande fut passée dans les années
30, comprenant : un chemin de croix peint sur bois comportant bien sûr
14 stations de 38 cm de large par 30 cm de haut et deux toiles allégoriques.
Les deux toiles mesurant
chacune 1,80 mètre par 1,80 mètre sont placées de part
et d’autre de la porte d’entrée, dans la nef.
L’une s’intitulant « Messe aux Compagnons
d’Armes » représente un office religieux célébré
dans l’ancienne église du village, église qui n’existe
plus puisque détruite, située à l’emplacement de
l’actuel monument aux morts du village.
L’intérieur de l’édifice avait été
décrit au peintre, de mémoire par des anciens du village. Des
soldats français et américains blessés, certains s’entraidant,
communient donc au cours de cette messe, le symbole de la fraternité
des deux nations unies dans l’épreuve est omniprésent
dans cette vision allégorique de la guerre.
L’autre toile s’intitulant « Les
Deux Mères » est une composition puissamment évocatrice.
Au premier plan, deux mères en deuil, l’une française,
l’autre américaine, sont penchées côte à
côte sur deux tombes. Elles sont, là encore, comme sur l’autre
toile, unies, comme sont unis leurs pensées et leurs cœurs.
Dans le fond, on aperçoit l’ancienne
passerelle de bois construite par l’armée américaine en
1918, qui reliait Samogneux à Regnéville « remplacée
» par le pont en pierre à deux arches, qui se profile à
l’arrière plan, en projet à l’époque, qui
a finalement été construit en 1935, inauguré en 1936
et intelligemment…détruit par l’armée française
en 1940 espérant ainsi arrêter l’armée allemande…qui
a tout simplement emprunté la route nationale. Ce superbe pont en dur
avait été lui aussi financé par la même œuvre.
Enfin au-dessus de ces ruines, la mère du Christ
tenant son fils dans ses bras, symbole de sacrifice, de la résignation,
de la paix, est une vision réconfortante qui anime la toile et lui
donne sa signification profonde.
Louis Lantier est nommé en 1936, conservateur
du musée de la « Princerie » par la commission mixte du
musée de la « Princerie », composée de six membres
du conseil municipal et de six membres de la Société philomathique
sous la présidence de monsieur Gaston Thiébault, député
maire de Verdun, natif de Samogneux.
Malheureusement en 1940, âgé alors de
61 ans, la guerre va le chasser ainsi que le flot des lorrains qui évacuent
devant l’avance des troupes nazies, jusque dans le Sud de la France,
dans le Gard, au nord d’Alès, à Branoux, prés de
La Grand Combe, il a tout perdu. Lui et son épouse trouve refuge, dans
un premier temps, au Pradel, il s'agit d'un mas, comme il y en a beaucoup
dans la région. Puis en 1942 et jusqu'en 1944, ils furent hébergés
au Mas Supérieur dans la famille Valcroze, par la suite, la guerre
terminée, la commune de Branoux fournit un petit local, l'actuelle
bibliothèque du village. Il ne quittera plus cette région, ni
cet appartement jusqu’à sa mort dans le dénuement le plus
total et grabataire le 21 avril 1960 à l'hopital d'Alès.
Il fut inhumé
dans le cimetière d'Alès, puis sa femme fit transférer
le corps à Verdun le 1er février 1968 dans le cimetière
du Faubourg où la sépulture familiale était prête
depuis de nombreuses années. On peut noter en examinant la stéle,
qu'à l'époque le marbrier, l'entreprise chargée de cette
opération, ne s'est même pas donné la peine de compléter
l'épigraphe quant à la date de la mort de Lucien Lantier...
Son épouse, décéde quant à
elle le 28 juillet 1975 à Branoux (30), elle sera inhumée elle
aussi à Verdun, sa ville d'origine.
Lors de la réunion du conseil municipal de
la ville de Verdun du 09 Décembre 2013, aprés quelques années
de suggestions d'amis et connaisseurs de Lantier, comme mon regretté
ami Jean Laparra, membre de la Société philomathique de Verdun,
disparu en juin 2013, il fut décidé de donner le nom de Lucien
Lantier, à une rue de Verdun, avec prise d'effet en avril 2014.
C'est fin novembre 2014, que le chemin Cendrousse, à
la sortie Ouest de Verdun, paralléle à la route de Paris, devint
la rue Lucien Lantier. Merci.
Printemps
2015; accédant à ma requête et grâce
à l'intervention de Jean Pierre Laparra, maire de Fleury devant Douaumont,
la ville de Verdun a accepté de remettre en état et d'assurer
la conservation de la sépulture de Lucien Lantier qui était
vouée à destruction..déjà citée dans livre
de Bertrand BEYERN "Guide des tombes d'hommes célèbres".
Je pense que tous les passionnés comme moi de ce peintre, apprécieront.
Dés que
les travaux seront terminés, je publierai une photo sur le site.
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ça me va !! |
Durant
ces 20 années passées dans les Cévennes il a tenté
de survivre de son art. Grâce aux houillères locales, il existe
des acheteurs potentiels, ingénieurs, médecins : il peint.
Il faut aussi noter qu'il aura un èlève,
Jean Savajol, qui deviendra un peindre méridional trés connu,
cévenol natif de la Grand-Combe où il réside jusqu'en
1970. Après avoir vécu à Avignon, il est maintenant installé
à St Julien-des-Points, il expose réguliérement de magnifiques
toiles trés "ensoleillées", riches en couleurs et
en même temps trés douces à admirer.
La nature cévenole redonne à Lucien
Lantier le goût des paysages. Il parcourt les chemins qui grimpent autour
du village à la recherche de points de vue car il met le pays en scène.
Branoux, où il a finalement posé son sac, est un petit village
entouré de quelques mas disséminés et les représentations
de Lantier parlent de cette petitesse de l'être humain face à
la nature (ou l'espace).
Même lorsqu'il
peint une grande maison bourgeoise comme le Perrier, il la noie dans la treille
et les autres plantes qui ne devraient en être que les ornements.
La
treille du Perier en 1942 (collection privée Branoux)
Dans une autre toile, composition conventionnelle,
décor de bergerie aux rives méandreuses d'une rivière
mélancolique, la ligne de fuite suggère des profondeurs, des
mystères étouffants pour les humains.
De
cette inquiétude, participent aussi les couleurs qui, semblant refuser
l'éclat, confirment que l'essentiel est loin du spectaculaire. Cela
ne l'empêche pas d'utiliser le paysage en décor de scènes
historiques idéalisées (il n'oublie pas ses succès de
décorateur) et de recommencer à représenter une Bessarabie
exotique à souhait.
Il peint
aussi des portraits des habitants du village (ou des commandes) et, comme
il faut bien remercier ceux qui lui viennent en aide, quantité de bouquets
dont la simplicité, les couleurs atténuées, laissent
sourdre une impression d'apaisement, voire de sérénité,
comme s'il s'était dégagé de ses misères matérielles
et physiques (car, à ce moment-là, il ne court plus les chemins
mais, cloué au lit, peint couché, appuyé sur l'avant-bras
pour se soulever un peu).
Il
a réalisé deux chemins de croix dans les Cévennes, comme
ceux de la région verdunoise, il faut aller les voir dans les églises,
comme à Samogneux par exemple, pour comprendre
comment la décoration est dépassée lorsqu'on met à
son service la fausse naïveté d'un réalisme stylisé
et mis en scène car, dans la plupart des quatorze stations, c'est,
comme au cinéma, de cadrages qu'il faut parler.
En Meuse,comme je l'écris plus haut, il
décoré la plupart des chapelles des villages détuits
et non reconstruits: Beaumont en Verdunois, Bezonvaux, Cumiéres, Fleury
devant Douaumont, Haumont prés Samogneux, Louvemont, Vaux, de même
que l'église Saint Sauveur à Verdun ( tout prés de son
domicile à l'époque), ainsi que des églises où
l'on peut là aussi admirer son travail: Champneuville, Douaumont et
Vacherauville. La salle du conseil de la mairie de Sommedieu est ornée
d'une magnifique effigie de Marianne de 2,40m de haut sur 1,40m de large peinte
en 1923.
Dans la même région, Verdun, il a peint nombre de
chemins de croix hormis celui de Samogneux : Bras sur Meuse, Fromeréville
les Vallons, Lacroix sur Meuse (ces deux derniers étant remarquables
par leur grande taille), Revigny sur Ornain, Verneuil Petit et Woël en
Woëvre.
Cet artiste a exposé au cours de sa carrière
à Amsterdam, Bruxelles, Gand, Liverpool , Luxembourg , Manchester ,
Metz , Moscou, Nancy , New York , Paris , Saint Petersbourg , San Francisco
, Wiesbaden.
On peut aussi signaler que Lucien Louis Bernard Lantier
s’est marié à deux reprises:
c'est durant sa période de convalescence, qu'il
épouse Héléne Anaïse Henry,
née le 29 juillet 1891 à Champagnay (arrondissement de Lure),
le 23 juin 1916, à Lure. Il avait connu sa femme en tant qu'infirmière
durant son hospitalisation et découvert ses propres dons artistiques;
elle fera du reste une trés belle carrière à Paris dans
les étoffes de luxe.
De cette union, naquit
un fils en 1917, à Chaumont (52), Bernard Louis
Félix, né le 10 décembre 1917. Malheureusement
le couple se sépare environ 5 ans plus tard. Les aléas de la
vie feront que Bernard sera élevé par la famille maternelle.
Il fera une trés belle carrière d'ingénieur en aérodynamique
et chercheur au CNAM, il est entré à l'Institut d'aérodynamique
de Saint Cyr l'Ecole pendant la guerre, où il a participé à
un réseau de résitance. Aprés les hostilités,
il a repris ses activités, jusqu'à la fin de sa carrière.
Bernard eut 2 enfants et fut maire de Neauphle le
Vieux est décéda le 12 Octobre 1996.
Lucien Lantier se remaria
donc avec Renée Quentin qui lui survivra jusqu’en 1975, elle
aussi artiste et qui signait ses œuvres Quentin-Lantier.
Je
possède actuellement prés de 600 images de travaux
de Lucien Lantier venant de tous horizons, de toutes époques
et tous styles... et je continue d'en découvrir et d'en collecter auprès
de nombreux pocesseurs privés ou de musées qui me les font parvenir
par @ ... avis donc aux heureux propriétaires
de toiles ou dessins de Lucien Lantier qui auraient la gentillesse
d'en faire autant, merci d'avance. Le cas échéant pour répondre
à certaines demandes, je peux faire parvenir à ceux qui le souhaiteraient
quelques photos.
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